Vous proposez dans votre programme un Revenu Universel d’Existence (RUE) ce qui est bien dans son principe mais encore faut-il vraiment expliquer pourquoi.
Aussi, un Impôt progressif sur le Patrimoine des personnes physiques, qui remplacerait à la fois la Taxe Foncière et l’ISF, et j’espère aussi les Droits de Succession. Il fait partie de nos propositions, mais sous certaines conditions.
Enfin une taxe sur les robots, ce qui, si mal défini, pourrait tourner à la catastrophe.
Voici pourquoi.
Un Revenu Universel, ou Revenu de Base, ou Allocation Universelle, ou Revenu d’Existence, Basic Income, Grundeinkommen, est à l’ordre du jour dans le monde développé pour une multitude de raisons défendues soit à gauche, soit à droite, soit ailleurs. Notre société, en effet, a changé à un point tel qu’on puisse rompre, pour les revenus et conditions les plus modestes, la condition binaire donc archaïque qui veut que tout travail mérite salaire mais que tout revenu doit rémunérer un travail. Et la simplicité de gestion en même temps que l’esprit d’une telle institution commandent que ce revenu soit vraiment universel, donc versé à tout le monde à partir d’un âge à définir.
En effet un retraité qui s’emploie bénévolement à visiter des personnes âgées et isolées, à militer dans une association locale ou mondiale, à aider à l’accueil de réfugiés, ne demande pas un salaire. Une longue carrière employée à justifier son ancien salaire en assurant un service défini par un cahier des charges ou par un statut de mille pages, ou bien employée à participer en bas de l’échelle à produire un cash-flow dont les profits seront détournés dans un paradis fiscal puis investis dans un pays à bas salaires, le tout constituant une menace pour son propre job et la disparition du job qui aurait eu un successeur à coté, ne lui laisse pas un souvenir enthousiasmant. Pouvoir enfin se savoir utile à des personnes qu’il peut voir et entendre et qui vous sont reconnaissants, dans un climat de bienveillance, tout en ayant enfin échappé à l’enfer du salariat, c’est une joie qui vous aide à vivre plus vieux.
A contrario…
… dire que pour survivre il faut obligatoirement travailler n’est plus de mise. Si on ne trouve pas, il faut subir l’humiliation d’être un parmi trois millions cinq cent mille chômeurs qui constatent douloureusement que de toute façon c’est la condition même de salarié qui est destinée à long terme à disparaître. Comme a (presque) disparu l’esclavage. Il faut être parmi ceux qui savent que s’ils sont si nombreux c’est d’abord parce que leur économie nationale a été mal gérée, a même favorisé les délits et les crimes au point que le crime paye sans risque, qu’être honnête peut parfois devenir dangereux, et c’est en tout cas ne pas être malin : Donald Trump, qui ne parle pas français et dont même l’anglais est limité, dit smart, désignant ainsi comme stupids les deux cent cinquante millions d’américains qui n’ont pas pensé comme lui à ne pas payer d’impôts, à déposer le bilan d’une filiale pour ne pas payer ses fournisseurs en disant que c’est la faute aux pouvoirs publics, et racheter pour quelques arachides (peanuts) ses anciens actifs ainsi mis en liquidation. Car sous le règne de Trump tous les Américains vont devenir smart : plus personne ne payera d’impôts, la poste ne distribuera plus jamais les factures, seulement les derniers chèques et les catalogues, avant de fermer boutique elle-même, et des myriades d’avocats feront la navette entre la défense des fraudeurs devant le tribunal et la prison où ils seront eux-mêmes condamnés périodiquement à séjourner, ce qui leur permettra de faire connaissance avec leurs futurs clients.
Reste à voir comment le RUE est financé. Et si vous pensez qu’on ne peut pas le financer par un Impôt sur le Revenu supplémentaire, vous avez parfaitement raison : L’Impôt sur le Revenu doit être aboli ultimement après avoir été réduit par étapes, en commençant par la taxe sur le revenu des entreprises c’est-à-dire l’Impôt sur les Sociétés ou IS. De toute façon le mode de financement dépendra d’un biais politique : Un gouvernement de droite sera favorable à un RUE remplaçant pêle-mêle tous les régimes d’assistance, allocations familiales comprises, et abolira la trentaine de régimes dits d’assistanat qui existent, et allez donc. Et ce RUE ne dépassera pas 500 euros par mois car l’incitation à travailler doit rester impérative. S’il est de gauche, au contraire il choisira soigneusement quels régimes peuvent disparaître, lesquels peuvent être simplifiés et ne touchera pas à la Sécu ni aux Allocs. S’il est nataliste, il le fixera à 1 000 euros et l’offrira au même chiffre nominal à tous résidents, même aux nouveau-nés de parents étrangers. S’il au contraire il veut fermement empêcher l’immigration il ne l’accordera qu’à partir de la cinquième année, et aux seuls naturalisés, les autres étant impitoyablement refoulés à la frontière, molosses et grenades lacrymogènes à l’appui, frontière marquée par des barbelés et miradors avec sentinelles, mitrailleuses, projecteurs et lunettes de nuit sensibles aux infra-rouges comme Trump va en installer, dit-il, à la frontière mexicaine… Que voulez-vous ? On n’arrête pas le progrès, comme disait Fritz Haber, l’inventeur du Zyklon B !
Financer les charges sociales payées par l’entreprise en y substituant une taxe sur les robots est ingénieux, si cela ne constitue pas un accroissement des dites charges qui sont a un niveau record en France. En outre, il faut bien définir ou commence le robot se substituant à l’emploi. Ainsi l’ordinateur qui gère automatiquement, instantanément et en temps réel toute une gestion comptable, chaque écriture passée allant mettre à jour un bilan, une comptabilité analytique et une trésorerie prévisionnelle, est un robot. Le poste de travail d’une caissière de supermarché avec son lecteur optique enregistrant les prix à payer forme un terminal accélérant considérablement le travail de l’opératrice, qui n’a même plus besoin de savoir lire et taper correctement un chiffre. Une machine à vendanger qui cueille automatiquement les grappes dans les rangées de vigne bien verticales plantées pour lui faciliter l’ouvrage remplace des dizaines de travailleurs agricoles armés autrefois de ciseaux et d’un panier ; Etc. Ou met-on la frontière?
Continuons
Un Impôt progressif sur le Patrimoine des seules Personnes physiques est l’impôt de l’avenir, puisqu’il libère le travail, l’investissement à très long terme (dont les marges ne seront plus taxées), le risque, et l’imagination. C’est ce que nous expliquons sur plusieurs pages de notre site.
Mais Bruxelles et les institutions financières internationales ne vous prendront jamais au sérieux, et augmenteront vite le service de notre dette de quelques dizaines de milliards (cela va très vite si les taux d’intérêts de la dette augmentent et quand la dette dépasse deux mille milliards…) si vous ne commencez pas par faire voter une Loi de Discipline Budgétaire grâce à laquelle la France commencera enfin à maîtriser le déficit budgétaire, la dette et la pression fiscale, trois chiffres qui depuis quarante ans semblent plutôt le fruit du hasard.
Cette loi permettra au Conseil Constitutionnel d’imposer à tout gouvernement que le déficit soit maîtrisé et plafonné en tenant compte des investissements à très long terme (structurels) et de l’augmentation de la population non-retraitée. Cette loi constitue le préalable essentiel à toute la réforme fiscale et ne fera que nous aligner enfin sur Allemagne, Hollande, Suisse, Royaume Uni, Scandinavie et autres nations disciplinées financièrement. Mais attention ! Discipline ne veut pas dire équilibre budgétaire, erreur de nos amis allemands : Le déficit aligné sur la croissance de population active plus la somme des Investissements à Très Long Terme est la bonne politique. Elle vous permettra de faire lever auprès des Français eux-mêmes, par la BPI, mille milliards d’emprunts à très long terme (30 à 100 ans) sur dix ans, qui lui permettra de financer la transition énergétique et la conversion biocompatible de notre pays, créant ainsi trois cent mille emplois nouveaux par an.